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mûrie depuis : acheter le domaine, reconstruire le manoir seigneurial et m’y installer.

— Alors, la seigneurie revivra ?

— Moins un authentique seigneur ! Mais le manoir renaîtra de ses cendres !

— Si nous entrions, Olivier ! Ne trouves-tu pas qu’il commence à faire froid ?

— Oui. Avec mon épiderme africain, je sens que le vent du nord-est me glace !

— Attends un peu que je fasse de la lumière !

— Je veux frotter moi-même l’allumette ; ça me rappellera le vieux temps ! Te rappelles-tu ma joie quand ta mère me disait : « Olivier, allume donc la lampe du salon, comme un bon garçon ! » C’était pour moi une marque de confiance ! Et comme j’y allais de bon cœur !

— Alors, je te fais la même confiance ! Olivier, allume donc la lampe !

— Tu ris ? Sais-tu que j’en éprouve un réel bonheur ?

— Les enfants sont ainsi faits !

— Ris bien ! C’est vrai, tout de même ! Je me sens redevenir enfant.

— Mais tu ne l’es plus, Olivier ! Ni moi non plus ! Regarde autour de moi… ces grands enfants !

J’eus un moment de tristesse, en regardant ces enfants, si heureux de la seule présence de leur mère et ignorant même leur malheur. Allie