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« C’est la poulette blanche qui a pond dans la grange », chanson que chantait ma mère, pour m’endormir, quand elle me berçait sur ses genoux.

Ce chant du coq canadien, cousin du coq gaulois, avait un charme exquis. Je stoppai, pour jouir plus à mon aise de cette musique peu harmonieuse, mais belle, à cause des souvenirs qu’elle évoquait. Que le simple chant du coq puisse faire vibrer le cœur d’un homme qui a maintes fois bravé la mort sans en ressentir la moindre émotion, voilà une preuve de la complexité de l’âme humaine.


XXXI


Au risque d’être accusé de raconter des histoires de revenants, je ne puis m’empêcher de noter l’impression pénible que me causa la visite de la métropole. Quand je quittai le pays, c’était une ville au visage français et au cœur encore français. Il n’y avait pas encore longtemps que des jeunes gens au cœur vaillant avaient fait sauter la colonne Nelson, avec laquelle on voulait déparer un quartier entièrement français !

Vingt ans avaient suffi à métamorphoser la deuxième ville française du monde ! L’Hébreu