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l’ai apprise sur les genoux de mes deux mères : ma mère selon le sang et ma province ! C’est pourquoi je l’aime comme ma mère, car celui qui renie sa mère est un misérable !

Buvons donc à la santé des deux nations sœurs !


À la demande des députés de langue anglaise, je répétai mot à mot mon discours en anglais. Je ne fus pas étonné de recevoir d’eux autant d’applaudissements, sinon plus, que de mes compatriotes.

Cette digression patriotique me permet d’affirmer que je n’apprends rien à mes compatriotes en leur disant que le tort fait à notre langue ne doit pas toujours être imputé à l’adversaire, mais bien plus souvent à nous-mêmes.

Au milieu de ce tintamarre où le patriotisme débordant de mon cœur avait coulé à profusion, ma pensée s’était souvent envolée vers Port-Joli, où l’amie d’enfance attendait mon retour.


XXX


J’avais promis à Allie d’être présent à la tombola qu’elle avait organisée à la demande du curé. Mais, comme l’ouverture n’en devait avoir lieu que le lundi, j’avais le temps de visiter plus en détail la belle capitale du Canada.