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épanouissement, en se servant de sa langue propre, d’idéaliser ses sentiments raciques à la hauteur des plus nobles ambitions, tout en travaillant pour le bien commun du pays.

Vous vous demandez sans doute, et j’admets votre légitime curiosité, quel élément prédomine dans ma circonscription électorale. C’est l’élément majoritaire, c’est-à-dire hollandais, le même qui prédomine au parlement et qui fait respecter les droits de la minorité anglaise, par la production simultanée des documents et publications officielles dans les deux langues. Tout est bilingue, chez nous, depuis le timbre-poste jusqu’à la monnaie de papier, excepté les cœurs qui, dans un mutuel respect pour le sang qui coule dans les veines de chacun, savent vivre en paix sans se fusionner.

Quoique plus jeune que le Canada, l’Union Sud-Africaine a su, dès sa naissance, s’affirmer pays bilingue. L’élément anglais, qui constitue la minorité, a posé cette condition lors de l’union, et cette condition a été respectée et le sera toujours.

Présumant que les mêmes sentiments animent la majorité canadienne, je la félicite et la remercie au nom de ma race, grande à l’égale de l’autre, plus grande peut-être, elle qui a subi le martyre de la conquête et qui a soutenu de vaillants combats pour défendre sa liberté enfin reconquise.

M. Dauvergne a bien voulu faire allusion à ma fortune. Laissez-moi lui dire que ces biens, que la Providence a mis entre mes mains, n’ont pas extirpé de mon cœur l’amour de ma race. Mon exil volontaire sous le soleil brûlant d’Afrique n’a pas séché le sang de ce cœur qui vibre encore si intensément aux souvenirs de mon enfance !

Si j’ai conservé là-bas, malgré l’acquisition d’une troisième langue, l’amour de la mienne, c’est qu’elle est encore la plus belle et la plus noble, c’est que je