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— Et quelle note toucheras-tu ?

— Je n’ai rien préparé… J’improviserai… Les émotions du moment m’inspireront. Tu verras, Allie, que, dans le cœur d’Olivier Reillal, député au parlement de l’Union Sud-Africaine, vibre encore l’amour de son pays et de sa race !

– Je serais étonnée du contraire, Olivier, alors que vingt années d’absence n’ont pas même altéré ton pur accent canadien.

— Et c’est dans ce français canadien que je parlerai d’abord ! Je te quitte, Allie, et te dis encore une fois au revoir !

— Bon succès ! répondit Allie, en me tendant la main.

J’y déposai un baiser et pris congé d’elle.

Maintenant que ma richesse était connue, pourquoi voyager comme tout le monde ? me dis-je. Je n’avais pas encore fait le trajet de Québec à Montréal en auto, sur le chemin qu’on venait à peine d’ouvrir. Le garagiste de Port-Joli avait une Packard flambant neuve à vendre. Je l’achetai. Il m’offrit les services d’un chauffeur, mais je refusai, préférant voyager seul. Pourtant, il est une compagnie qui m’eût été fort agréable ! Si je demandais à Allie de l’étrenner ? Après réflexion, je jugeai la démarche impertinente, et je décidai de partir seul.