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– Pour le banquet que t’offre le premier ministre ?

– Tu as su ?

– Tous les journaux en font mention ! On ne parle que de toi, dans les gazettes : de ce Canadien-Français qui, parti pour la guerre, a fait fortune au pays des Bœrs ! Vois plutôt.

Je jetai un coup d’œil sur les journaux du matin. En effet, on parlait beaucoup de moi. Ma photographie, placée en vedette, était même encadrée de titres sensationnels. C’en était fait de ma tranquillité. Je n’avais pu échapper à la publicité.

— Alors, mon voyage ne te surprend pas, Allie ?

— C’est un hommage que tu as bien mérité !

— Cette réunion mondaine me sourit fort peu ! J’aime tant la paix, à présent que j’y ai goûté ! Quand toute notre vie n’a été qu’un tourbillon, j’allais dire une tempête, le calme nous paraît si doux ! Cependant, je considère que c’est un devoir pour moi d’accepter cette invitation, pour l’honneur qui en rejaillira sur les Canadiens-Français. D’ailleurs, j’ai beaucoup de choses à dire, et je les dirai avec d’autant plus de fermeté que ce sera au cœur du pays, dans la capitale même, que je parlerai.