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Après cette montée, nous prîmes le côté du Cliff longeant la mer. Le chemin, taillé dans le roc escarpé qui borde l’océan, n’est pas sans offrir quelque danger. À certains endroits, le roc tombe verticalement dans la mer. Une forte brise agitait les vagues, qui venaient se briser avec fracas sur ce mur de granit. À certains moments, nous semblions suspendus au-dessus de l’abîme. Cependant, Nellie ne ralentissait pas son allure.

J’admirais de plus en plus cette amazone de vingt ans, si belle, si brave, si téméraire même, et qui me donnait le vertige. Tout à coup je m’aperçus que Nellie ralentissait son galop. Mon attention se porta tout naturellement sur l’écuyère, et je vis qu’elle faisait de grands efforts pour maîtriser sa bête. Un coup d’éperon dans les flancs de Jack, et j’étais à ses côtés. Elle me fit signe de ne pas intervenir. Par un effort suprême, elle réussit à mettre Nellie au pas. En même temps, elle me fit observer un superbe point de vue, qui, autrement, m’aurait échappé, tant j’étais absorbé à admirer l’habileté de ma compagne. Nellie écumait, battant la chaussée de ses sabots, pendant que Mlle de Villiers m’expliquait les détails de l’incomparable panorama qui se déroulait sous nos yeux : à gauche, la mer furieuse, battant le flanc du rocher ; à droite, le mont Table, tirant son nom de sa crête plate