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Le lendemain matin, à l’heure convenue, un cab me déposait en face de la maison du juge. Déjà le soleil levant dardait de ses rayons ardents le verger d’orangers, de goyaviers et de citronniers qui entourait la spacieuse demeure des de Villiers. Je m’engageai dans la longue allée bordée de ces arbres fruitiers qui me protégeaient contre les rayons du soleil. Tout près de la véranda s’étalaient d’énormes cactus verts, qui tranchaient sur un fond d’arbres aux feuilles d’argent, des silver trees, près desquels Jack, sellé, était attaché à un pieu. Cécilia m’attendait sur la véranda, bottée, éperonnée, cravache à la main. En m’apercevant, elle se précipita à ma rencontre. Quelle belle amazone elle faisait ! C’était un charme de contempler cette figure fraîche, colorée, presque farouche, qu’ornait une chevelure blonde finement bouclée, coiffée du classique chapeau de soie noire. Une robe noire, traînant jusqu’à terre, mais séparée à l’américaine, complétait cette toilette d’amazone sur laquelle retombait, près du cou, une cravate crêpée toute blanche. Ses éperons, qui étincelaient sous les rayons du soleil, sonnaient sur les dalles du pavé, pendant que, de sa cravache, elle frappait impatiemment sa jupe en attendant que l’écuyer sorte sa monture de l’écurie.

— Enfin, la voici ! dit-elle. Ne vous inquiétez pas de ses folies, elle aime à nous effrayer.