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car le soleil se lève dans la fenêtre ; et les pensionnaires qui font la grasse matinée n’aiment pas cela. Si elle ne vous plaît point, j’en ai une disponible au nord.

— Je choisis celle du soleil levant. Il y a si longtemps que je n’ai pas vu se lever le soleil canadien ! D’ailleurs, je suis matineux.

Un garçon me conduisit à ma chambre, laquelle, à vrai dire, offrait un aspect assez attrayant. Je tâtai le matelas ; il était très moelleux. J’eus d’abord la tentation de m’étendre, pour me reposer des fatigues du voyage, mais je me ravisai. J’irai plutôt, me dis-je, faire une promenade sur la falaise, où je rencontrerai sans doute des gens avec qui je pourrai causer.

Je sortis d’abord sur la large véranda, où étaient assises quelques dames qui, nonchalamment, grillaient une cigarette. Je m’arrêtai un instant, comme un être en peine, puis je descendis sur la terrasse. Tout le monde me regardait avec une curiosité discrète, se demandant, sans doute, qui était ce nouveau venu. J’étais évidemment le sujet de la conversation, à en juger par le chuchotement et les regards qui me fuyaient, quand, essayant de m’orienter, je jetais la vue sur un groupe ou sur l’autre. On est si heureux de trouver un sujet de distraction, lorsqu’on baye aux corneilles durant toute une journée, comme le font tous ceux qui sont en villégiature sur une plage quelconque, car