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durant la nuit et que le soleil déclinait rapidement, nous entendîmes soudain un bruit confus de lamentations qui semblait produit par une voix humaine. Nous prêtâmes l’oreille, pour nous assurer de quelle direction venait ce bruit, tandis que j’ajustais ma lunette pour scruter les alentours.

Look ! Look ! me dit Ryan, qui avait saisi à l’œil nu une scène horrible. Un noir était aux prises avec un tigre. Un autre nègre, gisant à quelques pas du premier, donnait encore quelques signes de vie. Quoique blessé et les yeux égarés par la douleur, le tigre, qui venait de remporter une première victoire, essayait de faire une nouvelle victime. J’épaulai mon fusil et tirai. La tête transpercée d’une balle, le fauve s’écrasa tout d’une pièce. Le nègre, tout hébété, se retira des griffes mortelles de son adversaire terrassé. Nous courûmes vers lui et nous constatâmes que tout son corps était couvert de blessures profondes. Nous pansâmes ses plaies et lui donnâmes tous les soins que requérait son état.

Je n’oublierai jamais de ma vie l’expression de gratitude qui se refléta dans les yeux de ce pauvre inconnu que le hasard de notre présence avait sauvé de la mort.

Nous nous occupâmes alors de son compagnon, mais, malgré tous nos efforts pour le ranimer, il expira quelques instants plus tard. Le