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cap Diamant, au mont Royal et au petit peuple désormais sans défense et à la merci d’un ennemi séculaire ?

La réponse à ces questions intérieures ne se faisait pas attendre : c’était notre revanche ! Pourtant, je restais loyal à l’armée, dans laquelle je m’étais volontairement enrégimenté. L’idée ne me vint jamais de passer à l’ennemi que je combattais consciencieusement, par devoir et par respect de la parole donnée, mais sans enthousiasme. Blood is thicker than water, disent les Anglais. Je ne l’ai jamais si bien senti qu’en ces moments tragiques de ma vie aventureuse, où les revers que nous venions de subir annonçaient une lutte qui serait longue. On n’efface pas de la terre un peuple qui ne veut pas mourir !

Après ce dernier échec, un calme relatif s’établit. Heureusement, je ne fus pas pris dans Ladysmith, au cours du long siège qu’en firent les Boers, et je pus obtenir des congés qui me permirent de me mettre en contact avec les gens du pays. Je visitai une partie du Natal. Je poussai même une pointe dans le Zoulouland pour me diriger ensuite sur Capetown que j’avais à peine vue. Je m’arrêtai à divers campements échelonnés le long du chemin de fer et fis la rencontre de plusieurs troupes affectées au transport des bagages. Là encore je constatai, comme sur le front du Natal, que la vie