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rivée de notre bateau n’était qu’un incident banal parmi les nombreuses arrivées de troupes d’Angleterre, d’Australie, de Nouvelle-Zélande et même des Indes. C’était le deuxième contingent canadien qui arrivait ; demain, ce seraient d’autres troupes puisées aux sources intarissables d’un puissant empire. C’était bien la guerre avec ses canons, ses chariots, ses soldats postés partout en sentinelles.

Une nuée de pousse-pousse attendaient le débarquement de chaque bateau. Ce moyen primitif de locomotion fut pour nous, Canadiens, une stupéfiante révélation. Voir des êtres humains remplacer les bêtes de somme nous paraissait pour le moins anormal. Mais le temps n’était pas aux attendrissements, puisque nous venions faire la guerre à un petit peuple inoffensif. Nous montâmes donc, deux par deux, dans les pousse-pousse, pour nous rendre aux quartiers généraux de l’armée.

Nous avions à peine perdu le pied marin qu’un ordre du général en chef nous désigna pour le front, à un endroit inconnu de tous, excepté du colonel de notre escouade. Nous devions partir en chemin de fer et des compartiments nous avaient été réservés, mais au dernier moment, les ordres furent changés et nous nous embarquâmes de nouveau pour le Natal. Ce furent trois jours additionnels sur les flots de l’Océan Indien, qui ne fut pas aussi clément