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hommes. Le tinton sonne, l’orgue ronfle, et c’est au son des notes, tantôt aiguës, tantôt profondes, que les bons habitants pénètrent dans le sanctuaire, pour venir s’agenouiller auprès de leurs épouses. Cette entrée tardive permet aux hommes d’offrir les places libres aux étrangers.

C’est grâce à cette coutume qu’Henri et moi, qui nous étions rencontrés sur les marches de l’église, fûmes favorisés de deux places libres, dans le banc de Joseph Lanouette du quatrième rang. Sa femme, malade, n’avait pu se rendre à l’église. Nous ayant aperçus, bien qu’il ne nous ait pas reconnus, il nous offrit deux places. Il sentait bien un peu « l’étable », mais c’était un arôme du pays, et rien de ce qui monte de la terre canadienne ne répugne à l’odorat d’un fils du sol.

L’office divin différa si peu du dernier auquel j’avais assisté avant mon départ qu’il me sembla que j’avais entendu la messe dans cette église le dimanche précédent. J’avais l’impression que mes vingt années d’exil n’étaient qu’un rêve et que je n’avais été absent que quelques jours.

Le dîner à la Bastille fut des plus succulents, et une franche gaieté régna dans la salle à manger. M. Latour, qui s’était complètement remis de son indisposition, me pria de bien vouloir m’asseoir à sa table.