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souvenirs

leur sacrifiait dans le principe[1]. « Cette substitution amiable, dit M. du Méril,[2] a eu lieu partout, même dans l’Inde[3]. Les sacrifices les plus coûteux, les plus révoltants ne furent plus alors qu’une modeste et innocente offrande. Sous le bénéfice de cette transformation, ils se multiplièrent et entrèrent assez profondément dans les habitudes du monde ancien pour qu’on les retrouve à peine déguisés dans les usages populaires du moyen âge. »

À propos de ces petits pains substitués à de sanglantes offrandes, nous remarquerons que l’hostie, ou pain sans levain, qui représente le corps de Jésus-Christ et que nos prêtres offrent tous les jours, comme une nouvelle victime, dans le sacrifice de la messe, n’est qu’une imitation des différentes coutumes dont nous venons de parler.

La nuit de Noël est une nuit pleine de merveilles, de mystères et d’embûches. Il semble que Satan, exaspéré par l’échec que ce divin anniversaire lui remet en mémoire, sente, à chaque retour de la grande fête, redoubler sa haine et sa

  1. « In sacellum Ditis aræ Saturni cohærens oscilla quædam pro suis capitibus ferre (docuisset). » (Macrobe, Saturnaliorum l. I, ch. 11.) — « Pilæ et viriles et muliebres effigies in compitis suspendebantur Compitalibus ex lana, quod esse deorum inferorum hunc diem festum, quos vocant Lares, putarent ; quibus eo die tot pilæ quot capita servorum, tot effigies quot essent liberi, ponebantur : ut vivis (sic enim invocantur) parcerent, et essent his pilis et simulacris contenti. » (Festus, p. 207, éd. de Lindeman.) — « Et sciendum in sacris simulata pro veris accipi ; unde quum de animalibus quæ difficile inveninntur, est sacrificandum, de pane vel cera fiunt. » (Servius, ad Æneidos, l. II, v. 116, et l. IV, v. 512.) — « Sic pro bove, sic pro equo, sic pro ove, oscilla templis ponimus. » (Cato, de Re rustica). — « Sic Romanorum moris fuit, pro bobus, ut valerent, vota facere. » (Polydore Virgile, de Inventoribus rerum, l.V, c. 1.) — Voy. aussi Plutarque, de Iside et Osiride, ch. 30 et 50 ; voy. encore Lucullus, ch. 10 ; Suidas, t. I, p. 2, col. 1026. — Toutes ces sources sont indiquées dans l’Histoire de la comédie, par M. du Méril.
  2. Histoire de la comédie, Période primitive p. 432 et suivantes.
  3. Campbell, l. I, p. 73 et Edinburgh Review, t. CXXII, p. 392.