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souvenirs

composait ; d’origine armoricaine, ses parents étaient tous druides. »

Le feu de la cosse de Nau, allumé, tous les ans, par le chef de la famille, dont les fonctions, en cette circonstance, ont quelque chose de sacerdotal, rappelle ce père-feu qui, selon les traditions irlandaises, était renouvelé, chaque année, par les druides, dans la nuit du 1er novembre, et où tous les habitants d’une certaine circonscription territoriale venaient puiser pour leurs foyers une nouvelle vie[1]. Cette vieille coutume, à peine altérée par le rit chrétien, existait encore vers la fin du dix-huitième siècle dans quelques-unes de nos provinces. En Normandie, par exemple, quand venait le soir du 24 décembre, on éteignait le feu de l’âtre, et lorsque la cosse de Nau était en place, on y mettait le feu avec un brandon que l’on avait allumé à la lampe de l’église voisine[2]. Cette rénovation du père-feu se retrouve encore dans la cérémonie catholique du samedi saint, où l’on fait un feu nouveau pour allumer le cierge pascal.

Les druides avaient deux fêtes principales en l’honneur du feu, du soleil ou du dieu Bel : l’une d’hiver, le 1er novembre ; l’autre de printemps, le 1er mai. Toutes deux revivent dans nos feux solsticiaux de Noël et de la Saint-Jean ; seulement nous les célébrons cinquante-cinq jours plus tard.

Dans le Nord, chez les Suédois, les Finlandais, les Irlandais,  etc., ce n’est guère qu’au dixième siècle que la fête de Noël remplaça complètement celle du solstice d’hiver. Ce fut alors la nuit du 21 décembre qui ouvrit, chez ces peuples, cette grande solennité, et cette nuit mémorable portait, en Irlande, le nom de nuit suprême, et chez les Anglo-Saxons, celui de nuit-mère : « double idée qui se rencontre, en effet,

  1. De la Villemarqué, Barzaz-Breiz, t. I, p. 9, 19 ; — Henri Martin Histoire de France, t. I, p. 71 et 72 ; — d’Eekstein, le Catholique, oct. 1829, p. 156.
  2. Mémoires de l’Académie celtique, t. IV, p. 458 ; — Statistique du département du Calvados, par Chanlaire, p. 33.