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CHAPITRE CINQUIÈME

MÉDECINE :
PANSEUX DE SECRET ; — REMÉGEUX, ETC.

Les premiers médecins n’ont été que des sorciers conjureurs des mauvais esprits, ces mauvais esprits étant regardés comme les auteurs des maladies. De là le nom de ἰατρό-μαντις (médecin-devin), que reçoit Apollon dans Eschyle[1]. (Alfred Maury.)

À Rome, s’ingérait de la médecine qui voulait.

(Montesquieu.)

Une transition bien naturelle nous conduit des sorciers aux médecins, car, en tout temps, par tout pays, la médecine et la magie ont eu beaucoup d’affinité. La magie se mêlait à tout autrefois : à l’astrologie, à la philosophie, à la physique, aux mathématiques, etc., mais surtout à l’art de guérir. D’anciens médecins, ont composé des poëmes où sont décrits tous les remèdes magiques connus de leur temps.

La Gaule, bien avant et longtemps encore après l’occupation romaine, était infestée de sorciers-médecins. Au rapport de Pline, Tibère tenta de supprimer hoc genus vatum medicorumque[2] ; mais ses efforts furent impuissants et, quoique traquée et persécutée de siècle en siècle, cette race de charlatans, dont l’art trompeur a pris naissance dans l’Inde, s’est perpétuée jusqu’à nous au moyen d’affiliations et d’initiations secrètes.

  1. Euménid., voy. 625.
  2. Histoire naturelle, liv. XXX, ch. 4.