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accroissement des chances de guerre, l’Allemagne étant fondée a se croire aujourd’hui plus forte.

Il a a un danger tout aussi grave dans la politique férryste d’aplatissement, devant l’Allemagne, politique qui inspire actuellement le ministère. Après avoir cédé sur un point, puis sur un autre, il pourra finir par arriver une heure où les exigences, par leur excès même, produiront un sentiment de révolte du patriotisme français. Après avoir obéi, on résistera ; et M. de Bismarck ne manquera pas d’interpréter cette résistance, opposée aux soumissions antérieures, comme un acte de provocation le couvrant vis-à-vis de son pays. Attaqués en fait, on nous représentera comme agresseurs.

De ce fait encore, accroissement des chances de guerre, puisque nous courons le risque de perdre l’appui que donne aux défenseurs de la paix l’opinion de la nation, allemande.

Je me hâte de dire qu’à mon avis M. de Bismarck et les gouvernants prussiens se font de grandes illusions. Ils n’ont pas mesuré exactement l’étendue des progrès faits par notre pays, depuis ces dernières années, au point de vue matériel aussi bien qu’au point de vue moral. Ils oublient que nous avons des facultés merveilleuses pour improviser au moment du péril ; et j’ai la ferme confiance que la guerre venant à éclater dans les conditions que j’ai dites, les choses ne tourneraient pas comme l’espère le parti militaire prussien. Mais il n’en est pas moins vrai que par la retraite du général Boulanger, on a donné satisfaction à M. de Bismarck, qu’on a augmenté la confiance de la Prusse en ses forces,