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prussien aurait le plus grand intérêt à brusquer les choses, pour anéantir la France par une guerre rapidement menée.

Mais une aussi terrible partie ne peut être engagée qu’à coup sûr, ou du moins avec des conditions telles de supériorité qu’on puisse se croire assuré de la victoire. D’un autre côté, l’opinion allemande exerce une certaine action, en dépit du régime despotique auquel l’Allemagne est soumise. Or, la nation allemande, pas plus que la nation française, ne désire la guerre. Celui des deux adversaires qui serait agresseur se placerait par cela même dans un état certain et fort dangereux, d’infériorité morale.

Étant donnée cette situation, qui n’est pas exempte d’embarras, le rôle de la France était tout indiqué. Son intérêt et ses traditions le lui commandaient. Il s’agissait de continuer à outrance l’organisation de notre force défensive, de nous abstenir de toute provocation réelle ou apparente, et de tenir un langage ferme et net. Il n’y avait, en un mot, qu’à continuer d’être ce que nous avions été lors de l’incident de Pagny.

Depuis la chute du ministère Goblet, tout au contraire, l’œuvre de désorganisation a commencé ; le seul programme militaire adopté a semblé être la destruction de l’œuvre du général Boulanger ; il est inutile d’insister sur les détails.

A côté de la désorganisation matérielle, il s’est produit un désarroi moral résultant de la stupéfaction éprouvée par le pays, en présence de la chute d’un ministre de la guerre qui lui inspirait une confiance entière.

Donc, affaiblissement de la France, et par suite