Page:Laisant - Pourquoi et comment je suis boulangiste.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la crise, cette campagne a été poursuivie et se poursuit encore, alors que l’homme en butte à de telles attaques se trouve, par sa situation même, hors d’état d’y répondre.

On ne s’est pas aperçu que cette entreprise allait directement contre le but poursuivi. Loin d’affaiblir ainsi la popularité de l’ancien ministre de la guerre, popularité qui tient à des causes nationales, on a déconsidéré le Parlement, et voilà tout. En voyant les représentants du pays trouver parmi eux une majorité servile pour aider le nouveau ministère dans sa politique d’abandon, l’opinion publique, qui possède au plus haut point l’instinct du patriotisme, s’est retirée dé cette majorité comme elle se retirait du ministère lui-même. Tout ce qu’on faisait perdre dans le Parlement au général Boulanger, on le lui faisait gagner dans le pays.

Quant au ministère Bouvier, sans aller jusqu’à prétendre qu’il trahit systématiquement la patrie, on est en droit d’affirmer qu’il est engagé dans la voie politique souhaitée par M. de Bismarck, voie dans laquelle s’était précédemment engagé M. Jules Ferry. C’est dans ce sens qu’un homme politique, parmi ceux qui ont refusé d’assumer une si lourde responsabilité, a pu dire : « Je ne veux pas qu’on puisse nous appeler le ministère de la défaillance nationale. » C’est dans ce sens que le gros public, moins délicat dans le choix des termes, a pu, avec raison, qualifier le ministère actuel du titre de ministère allemand.