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tout ce qu’il a de force au minotaure capital, afin d’empêcher les siens et lui-même de mourir de faim. Qu’on vienne parler à ceux-là de la nécessité de s’instruire, de l’auto-éducation, de la bienfaisante libération des cerveaux, ne sont-ils pas en droit de répondre avec le fabuliste populaire :

Ne parle pas de liberté ;
La pauvreté, c’est l’esclavage.

Il y a des exceptions, je le répète. Mais au point de vue général, l’enfant du peuple ne peut pas s’instruire ; il ne peut pas faire son éducation. Le travail forcé auquel il est condamné s’y oppose. Pour qui veut voir les choses telles qu’elles sont, il n’y a aucune illusion à se faire là-dessus.

Au cours de ces dernières années, à Paris principalement, un mouvement s’est dessiné dans une direction un peu différente, et il en est sorti une rapide floraison d’institutions qu’on a appelées, assez improprement, des Universités Populaires.

Il eût mieux valu les appeler sociétés coopératives de fêtes et de conférences.

Je me garderais de médire des U. P., mais elles n’ont pas donné, en général, la dixième partie de ce qu’en espéraient les fondateurs. Quelques-unes, grâce à des efforts soutenus, à une excellente organisation, marchent à merveille ; mais elles sont en petit nombre, et ne répondent pas au programme primitif.

La donnée première était en effet celle-ci : pour les gens de loisir animés de curiosité intellectuelle, l’enseignement supérieur, avec ses facultés, ses universités, offre de précieuses ressources. Il donne des cours publics dont peuvent profiter non seulement les étudiants régulièrement inscrits, qui poursuivent la conquête de grades universitaires et passeront des examens, mais encore toutes les personnes qui veulent et qui peuvent simplement s’instruire en écoutant des leçons intéressantes.

Le peuple, s’est-on dit, n’a rien de semblable à sa disposition ; nous allons lui donner cet enseignement