MATINÉE DE PRINTEMPS
Je marchais ébloui par le matin vermeil ;
Le fourmillement d’or de la mer au soleil
Aveuglait mes regards, et je sentais mon âme
Près d’elle s’alanguir à ses soupirs de femme.
Les flots étincelaient parfois comme des yeux.
Des troupes d’oiseaux blancs jetaient des cris joyeux,
Tournaient et plongeaient fous, venant tremper leurs plumes
Aux vagues qui riaient de longs rires d’écumes.
Tout vibrait et chantait sous le vent matinal.
C’était un paysage immense et sans égal :
Sur cette mer d’azur, près de ses bords, une île,
De brume enveloppée encor, dormait tranquille,
Telle une fleur en un beau vase de lapis ;
Et tout au loin, très haut, en leur blancheur de lys,
Par delà les cités et les vagues campagnes,
Géantes, se dressaient des chaînes de montagnes ;
Leurs neiges, en un ciel doux comme le satin,
Mêlaient leur candeur vierge à celle du matin,