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dans ce grand Livre que les Chrêtiens veulent que nous croïons. J’ay oüi lire des livres que les Jésuites ont fait de nostre Païs. Ceux qui les lisoient me les expliquoient en ma langue, mais j’y ay reconu vint menteries les unes sur les autres. Or si nous voïons de nos propres yeux des faussetez imprimées, & des choses diférentes de ce qu’elles sont sur le papier : comment veux-tu que je croïe la sincerité de ces Bibles écrites depuis tant de siécles, traduites de plusieurs langues par des ignorans qui n’en auront pas conçû le veritable sens, ou par des menteurs qui auront changé, augmenté & diminué les paroles qui s’y trouvent aujourd’huy. Je pourrois ajoûter à cela quelques autres dificultez qui, peut-être, à la fin t’engageroient, en quelque maniére, d’avoüer que j’ay raison de m’en tenir aux affaires visibles ou probables.

Lahontan.

Je t’ay découvert, mon pauvre Adario, les certitudes & les preuves de la Religion Chrêtienne, cependant tu ne veux pas les écouter, au contraire tu les regardes comme des chiméres, en alleguant les plus sotes raisons du Monde. Tu me cites les faussetez qu’on écrit dans les Relations que tu as veues de ton Païs. Comme si le Jésuite qui les a faites, n’a pas pû estre abusé par ceux qui lu y en ont fourni les Mémoires. Il faut que tu considéres, que ces descriptions de Canada sont des bagatelles, qui ne se doivent pas comparer avec les Livres qui traitent des cho-