Page:Lahontan - Dialogues avec un Sauvage.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui est une petite Ville située sur l’Elbe, & presque aussi régulierement fortifiée que celle dont nous venons de parler. Cependant, Mr. de Bonrepaus, qui ne pouvoit suivre ce Monarque, à cause des affaires qu’il devoit terminer à Rensbourg, avec Mr. l’Abbé Bidal, me donna des Lettres pour des Personnes par lesquelles il s’imaginoit que Mr. de Pontchartrain se laisseroit fléchir, mais il se trompa, comme vous l’aprendrez bientôt. Je n’eus pas plûtôt pris congé de cet Ambassadeur, que je m’en allay à Hambourg, où quelques Personnes m’avertirent que Mr. le Comte de Cunissec, Envoyé Extraordinaire de l’Empéreur à la Cour de Danemarc, sollicitoit les Bourguemaistres de me faire arrêter. La chose me parut assez vray-semblable, sachant qu’il avoir pris feu contre moy à Frederisbourg, quelque temps auparavant, au sujet de certaines illuminations qu’on fit en ce lieu là ; ce qui m’obligea de me sauver au plus vîte à Altena, où j’attendis un passeport de Monsieur le Duc de Baviére, sans quoy l’on m’eût arrêté dans la Flandre Espagnole. Dez-que je le reçus, il se présenta l’occasion d’un Carrosse de retour, qui partoit pour Amsterdam, dans lequel je fus assez heureux de trouver une bonne place, à trés-bon marché, sans être incomodé par le nombre de gens ; Car nous n’estions que quatre, sçavoir, un vieux Marchand Anglois, une Dame Allemande, sa Femme de Chambre, & moy. Ce voyage, qui dura huit jours, m’eût duré huit éternitez, Sans l’agréable conversation de cette aimable Dame, qui parloit assez