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exemple, lorsque deux évangélistes ont le même mot ou la même expression, je devais éviter l’emploi des synonymes, indifférents en eux-mêmes, mais qui peuvent dans une synopse donner lieu à quelque méprise sur le texte original. On aurait pu concevoir, pour un texte destiné au grand public, une traduction moins littérale. Mais le succès des traductions du P. Lagrange prouve que ce public aime à être renseigné, même à travers le voile d’un à peu près, sur la nature particulière de ce style unique, qui n’est ni grec ni purement sémitique.

D’après la règle posée par le Concile de Trente, une traduction des Écritures en langue vulgaire doit être accompagnée de notes. J’ai donc dû rédiger une très modeste série d’annotations pour justifier l’ordre des paragraphes et signaler, sous la différence des termes ou des modes de présentation, l’accord foncier des Évangiles. À quelques-unes des interprétations données par le P. Lagrange dans ses commentaires, j’ai ajouté certaines indications, tirées surtout des Homélies de saint Jean Chrysostome sur saint Matthieu et du Traité de saint Augustin, de consensu evangelistarum, où sont posées les régles de l’exégèse comparative des Évangiles.

Enfin, mon cher maître m’ayant encouragé à appuyer discrètement sur la note de piété, j’ai eu recours à sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Dans un temps, où l’Évangile n’occupe pas la place qui lui est due dans les lectures et les méditations des Chrétiens, n’est-il pas admirable que cette chère petite sainte, qui paraît si uniquement envahie du pur amour de Dieu, se soit si visiblement complue à cette divine lecture. C’est elle-même qui nous l’a dit : « Puisque Jésus est remonté au ciel, je ne puis le suivre qu’aux traces qu’il a laissées. Ah ! que ces traces sont lumineuses ! qu’elles sont divinement embaumées ! Je n’ai qu’à jeter les yeux sur le saint Évangile : aussitôt je respire le parfum de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir[1]. » Et elle ajoutait : « C’est par-dessus tout l’Évangile qui m’entretient pendant mes oraisons ; là je puise tout ce qui est nécessaire à ma pauvre petite âme. J’y découvre toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux[2]. » Et le P. Petitot nous explique pourquoi elle avait en quelque sorte composé sa synopse : à ses

  1. Histoire d’une âme, écrite par elle-même, chap. xi
  2. Ibidem, chap. viii.