deux fois ; la première fois à Berlin, pour faire comme tous les autres Académiciens, dont aucun n’était célibataire. Il avait fait venir de Turin une parente qu’il épousa, et qu’il perdit après une longue maladie, pendant laquelle il lui avait prodigue les soins les plus tendres, les plus soutenus et les plus ingénieux. Quand depuis il épousa en France Mlle Lemonnier, fille de notre célèbre Astronome, il nous disait : Je n’ai point eu d’enfant de mon premier mariage, je ne sais si j’en aurai du second, je n’en désire guère. Ce qu’il souhaitait principalement, c’était une compagne aimable, dont la société pût lui offrir quelques délassements dans les intervalles de ses travaux, et, à cet égard, il ne lui resta rien à désirer. Mme la Comtesse Lagrange, fille, petite-fille et nièce de Membres de l’Académie des Sciences, était digne d’apprécier le nom qu’il lui ferait porter. Cet avantage réparant à ses yeux l’inégalité de leurs âges, elle ne tarda pas à concevoir pour lui le plus tendre attachement. Il en était reconnaissant au point qu’il souffrait difficilement d’être séparé d’elle, que c’était pour elle seule qu’il sentait quelque regret de quitter la vie, et qu’enfin on l’a plusieurs fois entendu dire que de tous ses succès, ce qu’il prisait le plus, c’était qu’ils lui eussent fait obtenir une compagne si tendre et si dévouée. Pendant les dix jours que dura sa maladie, elle ne le perdit pas de vue un seul instant, et les employa constamment à réparer ses forces et à prolonger son existence.
Il aimait la retraite, mais il n’en fit pas un devoir à la jeune épouse qu’il s’était associée ; il sortit donc plus souvent, et se montra dans le monde, où d’ailleurs ses dignités l’obligeaient de paraître. Très-souvent on pouvait s’apercevoir qu’il y suivait les méditations commencées dans son cabinet ; on a dit qu’il n’était