Page:Lagrange - Œuvres (1867) vol. 1.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des rochers ou d’autres obstacles quelconques situés presque vis-à-vis. La plupart d’entre eux ont cru pouvoir expliquer ces phénomènes par la théorie de la réflexion ; car, disent-ils, les particules de l’air qui est en vibration, rencontrant des obstacles invincibles, sont réfléchies à peu près comme on conçoit que le sont les rayons de la lumière par les surfaces unies des miroirs ; et cette explication paraît d’autant plus plausible, qu’on trouve en effet par expérience que l’intervalle du temps écoulé entre deux sons consécutifs est précisément tel qu’il le faut, pour que le son principal puisse être réfléchi par les obstacles donnés et revenir à l’oreille.

Cependant, à examiner la chose à fond, on sera obligé de convenir que le principe de la réflexion, comme on la conçoit ordinairement dans le choc des corps, ou dans la lumière, est ici un principe tout à fait illusoire. Car l’expérience nous montre que l’écho ne dépend en rien du poli de la surface réfléchissante, puisqu’il arrive que des surfaces en apparence polies ne produisent point d’écho, au lieu qu’on l’entend souvent dans des lieux remplis de mille inégalités. En effet, comment concevoir que des rochers, des forêts, des nuées, soient propres à produire dans l’air une réflexion semblable à celle des rayons de la lumière sur les miroirs ? Rien donc n’est moins fondé que cette catoptrique des sons, que l’on a inventée pour rendre raison des propriétés de l’écho. M. d’Alembert est peut-être le premier qui ait senti l’insuffisance de cette théorie, dans l’Encyclopédie, au mot Écho. Mais ni lui, ni aucun autre que je sache n’a jamais entrepris de donner des explications plus fondées de ce phénomène.

La théorie que nous venons de déduire de nos formules est, ce me semble, tout à fait à l’abri de ces difficultés ; car il ne faut autre chose pour produire l’écho, sinon que les extrémités des fibres aériennes sonores trouvent un appui fixe, de quelque nature qu’il soit. S’il n’y a qu’un obstacle d’un côté, le son ne sera renvoyé qu’une fois ; c’est l’écho simple. S’il y en a deux qui terminent la fibre de part et d’autre, les sons seront renvoyés réciproquement, ce qui formera des échos composés qui dureront autant que la constitution des fibres sonores pourra subsister ;