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Supposons que le rapport du poids de la corde à celui qui la tend soit sera une quantité qui ne dépendra que de l’épaisseur et de la gravité spécifique de la corde ; on aura donc et par conséquent la formule du temps des vibrations entières deviendra et une oscillation simple devra être censée d’une durée égale à tout de même comme si la corde eût toujours fait ses mouvements selon les lois de M. Taylor. Cette formule a été regardée jusqu’à présent pour vraie par tous les Auteurs qui ont écrit d’Acoustique, parce qu’elle s’accorde entièrement avec les proportions connues des divers tons des cordes, qu’on a toujours fait dépendre de la durée de leurs oscillations. C’est aussi par cette raison que plusieurs d’entre eux ont cru qu’une corde tendue ne pouvait résonner à moins que ses vibrations ne fussent toutes régulières et isochrones comme celles des pendules ; ce qui paraît sans doute inconcevable, vu qu’une même corde rend toujours le même son lorsqu’elle est pincée ou ébranlée de quelque façon que ce soit. La démonstration que nous venons de donner peut donc servir à établir ces vérités généralement admises, savoir : que le ton d’une corde est toujours proportionnel au nombre de ses vibrations dans un temps donné, et que ce ton se conserve toujours le même, tandis que la corde reste dans les mêmes circonstances.

47. Quoique la connaissance absolue de la durée de chaque vibration dans une corde donnée ne soit guère d’usage dans la pratique ordinaire, elle est cependant nécessaire pour la détermination d’un son fixe, tel que M. Sauveur l’a eue en vue dans l’Histoire de l’Académie des Sciences de Paris pour l’année 1700. La méthode que ce savant Auteur a imaginée pour cela est à la vérité fort ingénieuse, mais elle est presque impraticable à cause de l’extrême délicatesse d’oreille qu’il faut pour apprécier les moments des battements de plusieurs sons, et de la grande difficulté qu’on rencontre à mesurer au juste l’intervalle du temps qui se