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à travers la suède

cave pour sortir de la maison. Pourtant beaucoup restaient immobiles. Ils pensaient à la peine que leur avait coûtée la prise de Glimmingehus, et ne voulaient pas l’évacuer. Mais ils entendirent encore les notes du fifre et durent les suivre. Ils se culbutèrent follement, coururent par les étroits couloirs des murs, se bousculant pour sortir plus vite.

Au milieu de la cour un petit bonhomme jouait du fifre. Il avait autour de lui un cercle de rats qui l’écoutaient, surpris et charmés. À chaque minute, d’autres arrivaient. Un instant il ôta son fifre de sa bouche pour faire un pied de nez aux rats ; on eût dit alors qu’ils étaient prêts à se jeter sur lui et à le dévorer, mais dès qu’il se remit à jouer, ils étaient en son pouvoir.

Quand le petit bonhomme eut attiré tous les rats gris hors de Glimmingehus, il se mit à marcher lentement sur le chemin, et tous le suivirent. Les notes du fifre étaient si douces à leurs oreilles qu’ils ne pouvaient leur résister.

Le petit homme les précédant, les entraîna du côté de Vallby. Il les conduisait par mille méandres à travers haies et fossés ; partout où il allait, ils le suivaient. Il jouait toujours de son fifre, qui semblait fait d’une corne d’animal, mais si petite qu’aucune bête de nos jours n’en possède de pareille. Personne n’aurait pu dire qui l’avait fabriqué. Flamméa, l’effraie, l’avait trouvé dans une niche de la tour de la cathédrale de Lund. Elle l’avait montré à Bataki, le corbeau, et tous deux s’étaient avisés que c’était une de ces cornes dont on se servait autrefois pour se rendre maître des rats et des souris. Le corbeau était l’ami d’Akka, et c’est de lui qu’elle avait appris que Flamméa possédait un tel trésor.