PRÉFACE
Qui donc, en Suède, eut un jour cette idée si charmante ? Quel fonctionnaire ? Quel éditeur ? Quel poète ? L’histoire ne le dit point, et l’on hésite entre des hypothèses diversement plausibles ; en cette Scandinavie lointaine, une fantaisie éparse, contagieuse, surgie des forêts ténébreuses et des lacs innombrables, assiège les cerveaux et parfois fait jaillir d’une âme de bureaucrate une flamme capricieuse éblouissante.
Idée charmante, je ne me dédis point, si même quelque pédant de chez nous va l’estimer saugrenue, voire dangereuse : demander aux plus glorieux écrivains, aux moins contestables poètes d’écrire pour les écoles primaires — vous entendez bien, pour les écoles primaires, pour les fils et les filles des humbles campagnards, pour les enfants des cités ouvrières — des « livres de lecture », de ces livres de pauvres, sommairement édités, qui s’étaleront sur les pupitres, sommeilleront dans les car-