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à travers la suède

coup trop grand pour sa petite tête ; ce bec pesant faisait pencher sa tête en avant, ce qui lui donnait un air soucieux et mélancolique.

Akka arrangea vite les rémiges de ses ailes, salua du cou un grand nombre de fois, et s’avança au-devant de la cigogne. Elle ne s’étonnait pas trop de la voir déjà en Scanie, car elle savait qu’au printemps les mâles arrivent de bonne heure ; ils viennent s’assurer que le nid n’a pas trop souffert pendant l’hiver, avant que les femelles ne prennent la peine de traverser la Baltique. Mais elle était surprise que la cigogne vînt au-devant d’elle, car les cigognes ne fréquentent en général que les gens de leur race.

— J’espère que vous n’avez pas trouvé votre nid en mauvais état, monsieur Ermenrich, dit Akka.

Une fois de plus, il apparut qu’on ne ment pas en affirmant qu’une cigogne ne peut ouvrir le bec sans gémir. Celle-ci semblait d’autant plus plaintive qu’elle éprouvait une grande difficulté à articuler les mots ; un bon moment elle claqueta du bec, avant de parler d’une voix enrouée et faible. Elle se plaignait de tout : le nid, situé sur le faîte de Glimmingehus, avait été fort détérioré par les tempêtes de l’hiver, et de nos jours il n’y avait plus moyen de rien trouver à manger en Scanie. Les Scaniens s’emparaient de plus en plus de son bien. Ils asséchaient ses prés bas et cultivaient ses marécages. Elle comptait abandonner ce pays et ne plus y revenir.

Pendant que la cigogne gémissait, Akka, l’oie sauvage, qui nulle part ne trouvait protection ni abri, ne put s’empêcher de songer : « Si j’étais aussi heureuse que vous, monsieur Ermenrich, j’aurais honte de me plaindre. Vous êtes demeuré un oiseau sauvage et libre, et pourtant vous êtes si bien avec