sage. « Tu as de la chance, dirent-elles au grand jars blanc, de voir la grande danse des grues. — Est-ce donc si merveilleux de voir danser les grues ? demanda-t-il. — C’est quelque chose que tu n’as pu même rêver, répondirent les oies.
— Il va falloir réfléchir à ce que nous pourrons faire de Poucet demain, pour qu’il ne lui arrive pas malheur pendant que nous irons à Kullaberg, dit Akka. — Poucet ne restera pas seul, répondit le jars. Si les grues ne permettent pas qu’il voie leur danse, je n’irai pas non plus. — Aucun être humain n’a encore assisté à l’assemblée des animaux à Kullaberg, dit Akka, et je n’oserais y amener Poucet. Mais nous en reparlerons plus tard. Il faut d’abord songer à avoir quelque chose à manger.
Akka donna le signal du départ. Cette fois encore elle mena paître son monde très loin à cause de Smirre le renard, et les oies ne s’abattirent que dans les prés marécageux au sud de Glimmingehus.
Nils passa toute la journée assis au bord d’un petit étang, s’amusant à jouer du chalumeau. Il était de mauvaise humeur parce qu’on ne voulait pas l’emmener voir la danse des grues, et il n’adressa pas la parole au jars ni aux autres oies.
Il était blessé de ce que Akka n’eût pas confiance en lui. Quand un garçon avait renoncé à devenir un homme pour voyager avec de pauvres oies sauvages, elles devaient bien comprendre qu’il n’avait pas envie de les trahir ; lorsqu’il avait tout sacrifié pour les suivre, leur devoir était de lui montrer autant de choses curieuses que possible. « Il faut que je leur dise ce que je pense », grommela-t-il. Mais les heures passèrent sans qu’il pût s’y résoudre. Cela paraîtra peut-être étrange, mais il éprouvait une sorte de respect