lide et imposante qu’ils le sont, de nos jours, d’endosser une pelisse en plein hiver. Mais quand vint le bon temps de la paix, ils ne voulurent plus vivre dans les salles de pierre sombres et froides du vieux château. Ils ont depuis longtemps abandonné le vaste Glimmingehus pour s’installer en des demeures pénétrables à la lumière et à l’air.
Au temps où Nils Holgersson errait çà et là avec les oies sauvages, il n’y avait donc aucun être humain à Glimmingehus, qui toutefois ne manquait pas d’habitants. Sur le toit un couple de cigognes occupait chaque été un large nid ; dans le grenier vivaient deux chouettes ; dans les couloirs secrets des murs étaient suspendues des chauves-souris ; un vieux chat s’était installé dans l’âtre de la cuisine, et dans la cave il y avait quelques centaines de rats de la vieille espèce noire.
Les rats ne sont pas très estimés des autres animaux, mais les rats noirs de Glimmingehus faisaient exception. On en parlait toujours avec respect, car ils avaient fait preuve de beaucoup de bravoure dans les luttes avec leurs ennemis et d’une grande force de résistance après les malheurs qui avaient frappé leur peuple. Ils appartenaient à un peuple de rats qui avait été autrefois très nombreux et très puissant, mais qui, maintenant, se mourait. Pendant de longues années les rats noirs avaient possédé la Scanie et tout le pays. On les rencontrait dans toutes les caves, dans les greniers, les granges et les aires, les magasins de provision et les boulangeries, les étables et les écuries, les églises et les châteaux, les moulins et les distilleries, dans tous les bâtiments construits par les hommes ; mais maintenant ils étaient chassés de partout et presque exterminés.