Ce fut de nouveau dimanche. Toute une semaine s’était écoulée depuis que Nils avait été transformé en tomte, et il restait toujours aussi petit.
Il n’avait d’ailleurs pas l’air de s’en inquiéter ; l’après-midi, il s’installa dans un grand saule touffu au bord de l’eau, et s’amusa à jouer du chalumeau. Tout autour de lui étaient venus se poser des mésanges, des pinsons, des sansonnets, autant que le buisson pouvait en porter, et les oiseaux chantaient et sifflaient des airs qu’il essaya de jouer. Mais il n’était pas très fort dans cet art. Il jouait si faux que les plumes se hérissaient sur tous ses petits maîtres, et qu’ils criaient et battaient des ailes de désespoir. Le gamin s’amusait tant de leur zèle qu’il laissa tomber son chalumeau.
Puis il recommença pour jouer aussi mal ; tous les petits oiseaux se plaignirent : « Aujourd’hui tu joues plus mal que jamais, Poucet. Tu ne rends pas ma note pure. Où sont donc tes pensées, Poucet ? »
« Elles sont ailleurs », répondit le gamin, et c’était vrai. Il était toujours à se demander combien de temps les oies le garderaient parmi elles.
Tout à coup il jeta son chalumeau et sauta à terre. Il venait d’apercevoir Akka et les autres oies qui venaient vers lui en une longue file. Elles avançaient lentement et solennellement ; il crut comprendre tout de suite qu’elles allaient enfin lui dire ce qu’elles avaient décidé à son sujet.
Lorsqu’elles se furent arrêtées, Akka prononça : « Tu as le droit de t’étonner de ma conduite, Poucet : je ne t’ai pas remercié de m’avoir sauvée de Smirre le renard. Mais je suis de celles qui préfèrent remercier par des actes et non par des paroles. Et voici, Poucet, que je crois t’avoir à mon tour