dessus du domaine, personne n’était encore levé. Après s’en être bien assurées, elles s’abaissèrent vers la niche du chien, et crièrent : « Comment s’appelle cette petite cabane ? Comment s’appelle cette petite cabane ? »
Le chien de garde se précipita aussitôt hors de sa niche, furieux, aboyant vers le ciel. « Vous appelez ceci une cabane, misérables vagabondes ? Vous ne voyez pas que c’est un haut château de pierre ? Vous ne voyez pas ces belles murailles, toutes ces fenêtres, et ces grandes portes, et cette splendide terrasse, oua, oua, oua ? Vous appelez ça une cabane ? Vous ne voyez pas le jardin, les serres, les statues de marbre ? Vous appelez ça une cabane ? Depuis quand les cabanes ont-elles un parc, avec des futaies de hêtres et des taillis de coudriers, et des bouquets de chênes, et des prés verts, et des landes couvertes de pins où pullulent les chevreuils, oua, oua, oua ! Vous appelez ceci une cabane, vous ? A-t-on vu des cabanes entourées de tant de communs qu’on dirait un village ? Vous avez vu des cabanes possédant leur propre église et leur presbytère, régnant sur des domaines et des fermes et des métairies et des maisons de journaliers, oua, oua, oua ? Vous appelez cela une cabane ? Cette cabane possède les plus grandes terres de toute la Scanie. Misérables mendiantes ! D’où vous êtes, vous ne pouvez voir un seul lopin qui n’obéisse à cette cabane, oua, oua, oua ! »
Le chien cria tout cela sans s’arrêter ni reprendre haleine, et les oies planaient sur la cour attendant qu’il fût forcé de s’interrompre. Alors elles crièrent : « De quoi te fâches-tu ? Nous ne parlions pas du château, nous parlions de ta niche. »
En entendant cette plaisanterie, le gamin rit d’abord