poser l’un des petits sur le sol pour s’élancer avec l’autre vers la cage, quand il vit briller tout près de lui les yeux verts du chat. Il demeura immobile, déconcerté, un petit dans chaque main, puis il se retourna, regarda de tous côtés et aperçut la vieille grand’mère. Il n’hésita pas longtemps, courut à elle et lui tendit l’un des petits.
La vieille grand’mère ne voulait pas se montrer indigne de cette confiance. Elle s’inclina, prit le petit écureuil, et le garda jusqu’à ce que le tomte eût porté l’autre à la cage et vînt chercher celui qu’il lui avait remis.
Le lendemain matin, quand les gens de la ferme s’assemblèrent pour le déjeuner, la vieille ne put s’empêcher de raconter ce qu’elle avait vu dans la nuit. Tous se moquèrent d’elle naturellement et prétendirent qu’elle avait rêvé. Il n’y avait pas de petits écureuils à cette époque de l’année.
Mais elle était sûre de ce qu’elle disait, et les pria d’aller regarder dans la cage. Ils le firent. Il y avait là sur le lit de feuillage quatre petits à demi-nus et demi-aveugles qui avaient au moins deux ou trois jours.
Quand le patron de la ferme les vit, il dit : « Quoi qu’il en soit, une chose est certaine : nous devrions avoir honte. » Puis il tira de la cage l’écureuil et les petits, et les remit dans le tablier de la vieille grand’mère. « Emporte-les au bois de coudriers, dit-il, et rends-leur la liberté. »
Tel est l’événement dont on parla tant jusque dans les journaux, et que beaucoup refusèrent de croire parce qu’ils ne pouvaient l’expliquer.