Ce fut une danse folle sous le bois dans les tourbillons de feuilles sèches. Smirre tournait, en rond, sa queue tournait aussi, et le gamin s’y accrochait.
D’abord Nils ne fit que rire, et se moquer du renard, mais Smirre avait la persistance tenace d’un vieux chasseur, et le gamin commença à craindre que l’aventure ne tournât mal pour lui.
Tout à coup il aperçut un jeune hêtre qui avait poussé, mince comme une gaule, pour arriver à l’air libre au-dessus des branches que les vieux hêtres étendaient sur lui. Il lâcha subitement la queue du renard et se mit à grimper le long du petit hêtre.
Dans son ardeur Smirre ne s’en aperçut pas tout de suite, mais continua un moment encore à danser en rond. « Tu as assez dansé, tu sais », lui cria le gamin.
Smirre, qui ne pouvait supporter la honte de s’être laissé berner par un petit bonhomme de rien du tout, se coucha alors au pied de l’arbre pour attendre.
Le gamin était mal à l’aise, à cheval sur une faible petite branche. Le jeune hêtre n’arrivait pas à la hauteur du toit de branches formé par les grands hêtres. Nils ne pouvait donc pas se hisser jusqu’à un autre arbre, ni descendre à terre. Il fut bientôt si transi de froid qu’il avait du mal à se maintenir ; il dut aussi lutter contre le sommeil, n’osant s’endormir par crainte de tomber.
La forêt était terriblement sinistre à cette heure de la nuit. Jamais auparavant il ne s’était bien rendu compte de ce que c’est que la nuit. Le monde entier semblait engourdi pour toujours.
Enfin l’aube vint. Le gamin vit avec bonheur que tout reprenait son aspect ordinaire, bien que le froid se fît encore plus piquant.