Rassasié, le gamin fut tout honteux d’avoir mangé quelque chose de cru.
— On voit que je ne suis plus un être humain, mais un vrai tomte.
Pendant que le gamin mangeait, le jars demeura silencieux auprès de lui ; après la dernière bouchée, il dit à voix basse : « Nous sommes tombés sur une bande d’oies fières qui méprisent les oiseaux domestiques. — Oui, je l’ai remarqué. — Cela me ferait grand honneur, si je pouvais les suivre jusqu’en Laponie et leur montrer qu’une oie domestique est bonne à quelque chose. — Oui, dit le gamin hésitant, car il ne croyait pas que le jars en serait capable, mais il ne voulait pas le contredire. — Mais je ne crois pas que je puisse me tirer d’affaire seul en un tel voyage, dit le jars. Je voudrais te demander si tu ne pourrais pas m’accompagner pour m’aider. »
Le gamin n’avait naturellement pas d’autre projet que de rentrer chez lui le plus vite possible. Il fut surpris et ne sut que répondre : « Je croyais que nous étions ennemis, toi et moi », dit-il. Mais il semblait que le jars ne s’en souvînt plus. Il se rappelait seulement que le gamin venait de lui sauver la vie.
— Il faudrait bien que je retourne chez mon père et ma mère, dit le gamin.
— Je te ramènerai chez eux en automne, dit le jars. Je ne t’abandonnerai pas avant de t’avoir déposé sur le seuil de ta maison.
Le gamin pensa qu’il serait bon de ne pas se montrer à ses parents avant quelque temps. Le projet ne lui déplaisait point, et il allait répondre qu’il acceptait, quand ils entendirent derrière eux un grand bruit. Les oies sauvages étaient sorties de