était encore là, et tant qu’elle y était, elle répandait du froid et une tristesse hivernale sur tout le paysage.
De l’autre côté du lac il semblait y avoir un pays ouvert et clair, mais à l’endroit où les oies s’étaient abattues, s’étendait une grande plantation de pins. On aurait dit que la forêt résineuse avait le pouvoir de retenir l’hiver. Partout ailleurs le sol était nu, mais sous le branchage enchevêtré, la neige avait fondu et gelé à plusieurs reprises et était devenue dure comme de la glace.
Le gamin pensa qu’il était arrivé dans un désert au pays de l’hiver, et ressentit une angoisse telle qu’il en aurait crié.
Il avait faim, il n’avait rien mangé de la journée. Mais où trouverait-il quelque chose ? Au mois de mars, le sol ni les arbres ne portent rien de mangeable.
Oui, où trouverait-il à manger ? Et qui l’hébergerait ? Qui lui ferait son lit ? Qui le réchaufferait à son foyer ? Qui le protégerait contre les bêtes sauvages ?
Le soleil était maintenant couché. Le froid montait du lac. Les ténèbres tombaient du ciel, l’épouvante se glissait sur les pas de la nuit, et dans le bois on entendait des pas furtifs et des bruissements. C’en était fait du joyeux courage que le gamin avait montré là-haut. Dans son angoisse il se tourna vers ses compagnons de voyage : il n’avait plus qu’eux.
Il s’aperçut alors que le jars était encore plus mal à l’aise. Il demeurait à l’endroit où il s’était abattu, et semblait près de mourir. Son cou s’allongeait inerte sur le sol ; il avait les yeux fermés, et sa respiration n’était qu’un faible sifflement.