n’avait plus de mépris pour les oies domestiques que cette Akka et sa bande ; aussi aurait-il bien voulu leur montrer qu’il était leur égal.
Tout en réfléchissant à la décision à prendre, le jars blanc volait lentement un peu en arrière des autres. Tout à coup, le petit bout d’homme qu’il portait sur son dos éleva la voix : « Mon cher jars Martin, tu comprends bien qu’il te sera impossible, à toi qui n’as jamais volé, de suivre les oies sauvages jusqu’en Laponie. Ne ferais-tu pas mieux de retourner à la maison avant de te faire du mal ? »
Or, le fils de la maison, ce mauvais garnement, le jars l’avait en horreur. Aussi, dès qu’il eut compris que le gamin le croyait incapable de faire le voyage, résolut-il de tenir bon. « Si tu dis un mot de plus, je te jette dans la première marnière que nous rencontrerons » siffla-t-il. Et la colère lui donna de telles forces qu’il se mit à voler aussi bien que les autres.
Il est probable qu’il n’aurait pas pu continuer longtemps malgré tout ; heureusement ce ne fut point nécessaire ; le soleil descendait rapidement ; dès qu’il fut couché, les oies piquèrent droit vers le sol. Avant d’avoir même eu le temps de réfléchir, le gamin et le jars se trouvèrent sur les bords du lac Vombsjö.
— C’est probablement ici que nous passerons la nuit, se dit le gamin en sautant à terre.
Il était sur une mince bande de sable ; devant lui s’étendait un assez grand lac d’aspect pas très rassurant : une couche de glace le recouvrait presque entièrement, noire, rugueuse, pleine de crevasses et de trous comme l’est d’ordinaire la glace au printemps. On voyait qu’elle était condamnée à disparaître bientôt. Déjà détachée de la rive, elle était entourée d’une large bande d’eau noire et lisse. Pourtant elle