épuisé et tomba presqu’au niveau des saules étêtés qui bordaient les routes et les champs.
— Akka, Akka, Akka de Kebnekaïse ! crièrent de nouveau les oies de l’arrière-garde qui voyaient les pénibles efforts du jars blanc. — Qu’y a-t-il encore ? demanda la conductrice de la bande d’un ton colère. — Le blanc tombe. Le blanc tombe. — Dites-lui qu’il est plus facile de voler haut que bas ! répondit Akka. Elle ne diminua nullement sa vitesse mais continua comme auparavant.
Le jars tâcha encore de suivre ce conseil, mais quand il voulut s’élever plus haut, il s’essouffla à croire que sa poitrine allait éclater.
— Akka, Akka ! crièrent de nouveau les oies placées aux ailes. — Vous ne pouvez donc pas me laisser tranquille ? répondit une voix plus agacée que jamais. — Le jars blanc va mourir. Le jars blanc va mourir. — Celui qui ne peut suivre la bande, qu’il s’en retourne chez lui ! répondit l’oie de tête. Et pas un instant elle n’eut l’idée de ralentir.
— Ah, c’est comme ça, se dit le jars. Il venait de comprendre que les oies sauvages n’avaient jamais pensé l’emmener en Laponie. Elles avaient simplement voulu lui faire quitter la maison pour s’amuser.
Il était furieux d’être trahi par ses forces et de ne pouvoir montrer à ces vagabondes qu’une oie domestique les valait bien. Le plus agaçant, c’est qu’il était tombé sur Akka de Kebnekaïse. Il avait beau n’être qu’un oiseau de basse-cour, il n’en avait pas moins entendu parler d’une oie chef de bande qui s’appelait Akka et qui avait plus de cent ans. Elle avait une telle réputation que les meilleures oies sauvages voulaient faire partie de sa troupe. Mais personne