Alors Nils se leva et alla à Akka. Il l’embrassa et la caressa. Puis il alla à Yksi et Kaksi, Kolme et Neljä, Viisi et Kuusi, toutes les vieilles oies de la bande, et les embrassa également. Ensuite il les quitta vivement, en remontant la grève pour rentrer chez lui. Il savait que le chagrin des oiseaux ne dure jamais longtemps, et il voulait se séparer de ses amis pendant qu’ils regrettaient encore de le perdre.
Lorsqu’il fut arrivé en haut de la dune, il se retourna et regarda tous les groupes d’oiseaux qui se préparaient à traverser la mer. Tous criaient leurs appels ; seule une bande d’oies sauvages volait en silence, tant qu’il put la suivre des yeux.
Mais leur triangle était en ordre parfait, les intervalles étaient bien respectés, la vitesse bonne et les coups d’ailes vigoureux et égaux. Nils sentit un tel élan de regret qu’il eût presque souhaité redevenir le Poucet qui pouvait voyager au-dessus de la terre et de la mer avec une bande d’oies sauvages.