revoir, interrompit Akka. Et pourtant nous nous reverrons demain. Au revoir donc !
Elle leva ses ailes pour partir, mais revint encore une fois, le caressa doucement du bec et s’envola enfin.
C’était au milieu du jour, mais personne ne remuait dans la ferme. Nils put donc aller où il voulait. Il courut rapidement à l’étable, sachant que les vaches sauraient le mieux le renseigner. L’étable présentait un triste aspect : au lieu des trois belles bêtes qui au printemps l’avaient habitée, il n’y en avait plus qu’une. C’était Rose-de-Mai. Regrettant ses camarades, elle penchait la tête, et ne touchait presque pas à son fourrage.
— Bonjour, Rose-de-Mai ! s’écria Nils, et il courut sans crainte jusqu’à elle. Comment vont le père et la mère ? Comment vont les oies et les poules et le chat ? Où sont donc tes camarades, Lis-d’Or et Étoile ?
En reconnaissant la voix du gamin, la vache tressaillit, puis elle baissa la tête comme pour lui porter un coup de corne. Mais l’âge avait assagi ses mouvements, et elle se donna d’abord le temps de regarder Nils Holgersson. Il était aussi petit qu’en partant, et il était vêtu de la même façon, mais pourtant il semblait tout autre. Ce Nils Holgersson, qui était parti au printemps, avait la démarche lourde et traînante, et les yeux endormis ; celui qui revenait était alerte et souple, il parlait vivement ; ses yeux brillaient et étincelaient. Il avait la tenue si droite et si ferme qu’il inspirait du respect, tout petit qu’il était.
— Meuh ! mugit Rose-de-Mai. On m’avait bien dit qu’il était changé. Je n’ai pas voulu le croire ! Sois le bienvenu, Nils Holgersson, sois le bienvenu à la maison. Voilà le premier moment de joie que j’aie depuis je ne sais combien de temps.