Chez Holger Nilsson
Le temps était gris et brumeux. Les oies sauvages faisaient la sieste, quand tout à coup Akka vint à Nils :
— Le temps semble être au calme, dit-elle, et je pense que demain nous traverserons la Baltique.
— Bon ! dit Nils. Il ne put rien ajouter, tant sa gorge se serra. Il avait espéré, malgré tout, qu’il serait délivré de l’enchantement, pendant qu’on était encore en Scanie.
— Nous sommes assez près de Vemmenhög maintenant, poursuivit Akka. J’ai pensé que tu aimerais peut-être faire une visite à ta maison en passant. Ensuite tu ne verras pas de sitôt ta famille.
— Il vaut peut-être mieux que je n’y aille pas, répondit Nils ; mais le ton de sa voix disait combien la proposition lui souriait.
Akka répondit :
— Tu dois aller voir comment on va chez toi. Qui sait si tu ne pourras pas les aider, si petit que tu sois.
— Vous avez raison, mère Akka. J’aurais dû y penser avant, répondit Nils, très excité.
L’instant d’après, ils étaient, lui et Akka, en route pour la ferme de Holger Nilsson. Ils descendirent à l’abri du mur en pierres sèches qui entourait la ferme.
— C’est étrange comme tout ici est demeuré pareil, dit Nils en grimpant sur le mur. Il me semble que c’est hier qu’assis ici je vous ai vues venir.
— Sais-tu si ton père a un fusil ? demanda tout à coup Akka.
— Mais oui, dit Nils. C’est à cause de ce fusil que j’ai voulu rester à la maison ce dimanche-là.