dans un champ pour mieux causer avec lui. Je dis que je venais de la part d’Akka de Kebnekaïse pour le prier de faire à Nils Holgersson des conditions moins dures.
— Je le voudrais, répondit-il, car j’ai appris qu’il s’est fort bien conduit en voyage. Mais ce n’est pas en mon pouvoir.
Je me suis fâché et je l’ai menacé de lui crever les yeux s’il ne se rendait pas.
— Fais de moi ce que tu voudras, a-t-il repris, il n’en sera pas moins pour Nils Holgersson comme je l’ai dit. Mais tu devrais l’avertir qu’il ferait bien de revenir avec son jars, car les affaires vont mal ici. Holger Nilsson s’était porté garant pour son frère et a dû payer une grosse somme. Puis il a acheté un cheval avec de l’argent emprunté, mais le cheval est tombé boiteux dès le premier jour, et depuis il n’en tire aucun profit. Dis donc à Nils Holgersson que ses parents ont déjà dû vendre leurs vaches, et qu’ils seront peut-être forcés de quitter la ferme si personne ne leur vient en aide.
En entendant ce récit, Nils fronça les sourcils, et ses poings se serrèrent si fort que les articulations des doigts en étaient blanches. « Il a agi cruellement, le tomte, dit-il, en fixant une condition telle qu’il m’est impossible de retourner aider mes parents. Mais il ne fera pas de moi un traître, qui trompe son ami. Père et mère sont des gens honnêtes, et je sais qu’ils aimeraient mieux se passer de mon secours que de me voir revenir avec une mauvaise conscience. »