entrer dans son âme. « Pourquoi s’affliger, Nils Holgersson, disait le soleil. Il est bon de vivre dans ce monde et pour les grands et pour les petits. C’est aussi une belle chose que d’être libre et sans soucis et d’avoir tout l’espace ouvert devant soi. »
Les oies s’étaient posées pour dormir sur un petit écueil devant la ville de Fjellbacka. Comme minuit approchait et que la lune était montée très haut dans le ciel, la vieille Akka alla éveiller Yksi et Kaksi, Kolme et Neljä, Viisi et Kuusi. Elle finit par pousser du bec Poucet. « Qu’y a-t-il, mère Akka ? » s’écria-t-il en sautant sur ses pieds. Nils vit tout à côté de lui quelque chose qu’il prit d’abord pour une haute pierre pointue ; il comprit vite son erreur, et s’aperçut que c’était un gros oiseau de proie ; il reconnut Gorgo, l’aigle.
Évidemment lui et Akka s’étaient fixé un rendez-vous, car personne ne manifesta la moindre surprise.
— Voilà ce qui s’appelle être exact, dit Akka en le saluant.
— J’arrive, répondit Gorgo, mais j’ai bien peur que seule mon exactitude ne mérite vos éloges. J’ai très mal réussi la commission que vous m’aviez confiée.
— Je suis bien sûre que tu as fait plus que tu ne dis.
— Je n’ai point eu de chance. J’ai eu vite fait certes de trouver la ferme de Holger Nilsson : après avoir plané quelques heures au-dessus de la maison, j’ai aperçu le tomte. Je fondis sur lui et l’emportai