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le merveilleux voyage de nils holgersson

mais les arbres par contre y trouvaient un paradis, et les rives paraissaient de beaux parcs. C’était comme si quelque chose dans l’air ou dans l’eau eût retenu la lumière du soleil, alors que l’astre lui-même était descendu derrière les collines. Des raies d’or jouaient sur les eaux sombres et polies, et au-dessus de la terre tremblait une lueur claire, rose pâle, d’où émergeaient des bouleaux d’un or léger, des trembles rouge vif et des sorbiers jaune rouge.

— Mais ne trouves-tu donc pas, jars Martin, que ce sera triste de ne plus voir de si belles choses ? demanda-t-il.

— Je préfère de beaucoup les champs gras de notre plaine scanienne à ces maigres collines pierreuses, répondit le jars. Mais tu comprends bien que si tu tiens absolument à poursuivre le voyage, je ne t’abandonnerai pas.

— J’espérais de toi cette bonne réponse, dit Nils ; et le ton dont il disait ces mots montrait qu’il se sentait soulagé d’un poids lourd.

Les oies sauvages passèrent au-dessus du Bohuslän avec la plus grande rapidité possible ; le jars blanc haletait en les suivant. Le soleil était à l’horizon et disparaissait par moments derrière une colline.

Soudain on aperçut à l’ouest une raie lumineuse qui s’élargissait à chaque coup d’ailes. C’était la mer qui s’étendait devant eux, laiteuse, irisée tour à tour de reflets roses et de reflets azur, et lorsqu’on eut doublé les rochers de la côte, on revit encore une fois le soleil suspendu, énorme et rouge, au-dessus des flots où il allait plonger.

En découvrant la mer libre et infinie et le soleil du soir, pourpre, d’un éclat si doux qu’on pouvait le fixer, Nils sentit une grande paix et une grande sécurité