— Pas une feuille aux arbres et l’eau est glaciale dans les lacs, répondit-on.
Lorsque les oies traversaient un endroit où l’on voyait des oiseaux domestiques, elles les hélaient : « Comment s’appelle cette ferme ! Comment s’appelle cette ferme ? » Alors le coq tendait le cou et chantait : « La ferme s’appelle Petit-Champ, cette année comme l’an dernier, cette année comme l’an dernier. »
La plupart des fermes portaient le nom de leur propriétaire, comme c’est l’usage en Scanie, mais au lieu de répondre que c’était la ferme de Per Matson ou de Ola Bosson, les coqs inventaient des noms qu’ils trouvaient plus convenables. Dans les chaumières pauvres et les petites métairies, ils criaient : « Cette ferme s’appelle Grain-volant » ; et dans les plus misérables : « Cette ferme s’appelle Mâche-petit ! Mâche-petit ! Mâche-petit ! »
Les vastes fermes des paysans riches recevaient de beaux noms, comme Champ fortuné, Colline aux œufs, Bourg d’argent.
Mais les coqs des châteaux et des grands domaines étaient trop orgueilleux pour plaisanter. L’un d’eux chanta et cria comme s’il avait voulu se faire entendre jusqu’au soleil : « Voici le château de Dybeck, cette année comme l’an dernier, cette année comme l’an dernier ! »
Et un peu plus loin un autre criait : « Voici Svaneholm. Tout le monde le sait. »
Le gamin remarqua que les oies ne se dirigeaient pas en ligne droite. Elles volaient et planaient sur toute la grande plaine de Scanie comme si, heureuses d’être de retour, elles voulaient saluer chaque maison.
Elles arrivèrent à un endroit où se dressaient