pour nous de rester à la maison tout l’hiver. Je suis en train de me dire que nous ne ferions peut-être pas mal d’accompagner les oies sauvages à l’étranger.
— Tu ne parles pas sérieusement, je pense, s’écria le jars tout effrayé, car, maintenant qu’il avait montré qu’il était capable de suivre les oies jusqu’en Laponie, il ne demandait pas mieux que de réintégrer son box dans l’étable du fermier Holger Nilsson.
Le gamin se tut, regardant le paysage où tous les bois de bouleaux, les bouquets d’arbres et les jardins avaient arboré les couleurs rouges et jaunes de l’automne et où les lacs s’allongeaient, bleu clair, entre les rives jaunes.
— Je crois que je n’ai jamais vu la terre aussi jolie qu’aujourd’hui, reprit-il après un moment de silence. Ne penses-tu pas que ce serait dommage de s’enfermer à Vemmenhög, et de ne plus rien voir du monde ?
— Je croyais que tu avais hâte de retrouver ton père et ta mère et de leur montrer quel bon et brave garçon tu es devenu, dit le jars. Tout l’été il n’avait fait que rêver du fier moment où il s’abattrait dans la courette devant la maison de Holger Nilsson et où il montrerait Finduvet et les six oisons aux oies domestiques, aux poules, aux vaches, au chat et à la mère Nilsson elle-même ; aussi la proposition de Nils ne lui sourit-elle que médiocrement.
Les oies sauvages firent plusieurs fois halte. Partout elles trouvaient de bons champs de chaume qu’elles ne quittaient qu’à regret. Ce ne fut donc que vers le soir qu’elles se trouvèrent au-dessus du Dalsland. Ici c’était presque plus beau qu’en Vermland. Les lacs étaient si nombreux que la terre formait comme des bandes étroites et élevées entre eux. Il n’y avait pas beaucoup de place pour des champs,