petit, petit bonhomme guère plus haut qu’un revers de main se débattait contre une chouette. Au premier abord sa stupeur la cloua sur place, mais les cris du petit Poucet se faisant de plus en plus plaintifs, elle intervint et sépara les combattants. La chouette s’envola sur un arbre, mais le petit homme demeura devant elle.
— Je vous remercie de m’avoir secouru, dit-il. Mais vous avez eu tort de laisser échapper la chouette, car elle me guette maintenant de la branche là-haut et m’empêche de partir.
— Certainement j’ai été une étourdie de la laisser s’envoler, avoua-t-elle. Mais ne pourrais-je pas t’accompagner jusqu’à l’endroit où tu demeures ?
Tout habituée qu’elle fût à composer des contes de fée, elle n’en était pas moins assez étonnée de se trouver ainsi en conversation avec un tomte. Cependant elle était peut-être moins surprise qu’on ne pourrait le croire ; ne s’était-elle pas attendue tout le temps à quelque aventure extraordinaire en parcourant sous le clair de lune les allées de son ancienne maison ?
— C’est que j’avais l’intention de passer ici toute la nuit, dit le petit homme. Si vous pouviez me montrer un abri sûr pour la nuit, je ne retournerais dans la forêt qu’au lever du jour.
— Te montrer un abri ? Tu n’habites donc pas ici ?
— Je comprends que vous me prenez pour un tomte, dit le petit homme, mais je suis un être humain comme vous ; seulement j’ai été changé en tomte.
— Voilà la chose la plus extraordinaire que j’aie jamais entendue ! Ne voudrais-tu pas me raconter comment cela t’est arrivé ?