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le merveilleux voyage de nils holgersson

Elle s’était arrêtée à l’ombre du grand érable près de la grille d’entrée, regardant tout. Et voilà, chose étrange, qu’un essaim de pigeons vint s’abattre autour d’elle.

Elle put à peine se persuader que c’étaient de vrais oiseaux, car les pigeons ne sont pas en mouvement après le coucher du soleil. Ce devait être le beau clair de lune qui les avait éveillés. Croyant qu’il faisait jour, ils avaient quitté le colombier, s’étaient sentis étourdis, et voyant un être humain, avaient volé vers lui comme pour chercher à se retrouver.

Or il y avait eu une foule de pigeons du temps de ses parents ; les pigeons étaient parmi les animaux que son père avait pris sous sa protection particulière. Il était de mauvaise humeur dès qu’il entendait parler de tuer un pigeon. Elle se sentit très heureuse d’être ainsi reçue par ces beaux oiseaux dans son ancienne maison. Qui lui disait que les pigeons n’étaient pas sortis dans la nuit à cause d’elle ? pour lui montrer qu’ils se souvenaient d’avoir jadis trouvé ici un bon refuge ? Ou peut-être son père lui envoyait-il ainsi un petit signe pour qu’elle ne se sentît pas triste et angoissée en revoyant son ancienne demeure ?

À cette pensée un regret nostalgique des temps d’autrefois lui fit monter les larmes aux yeux. La bonne vie qu’on avait menée dans cette vieille maison ! On avait eu des semaines de labeur, mais on avait eu aussi des fêtes ; on avait travaillé et peiné le jour, mais le soir on s’était réuni autour de la lampe pour lire Tegner et Runeberg, Mme Lenngren et Frederika Bremer. On avait cultivé du blé, mais aussi des roses et des jasmins ; on avait filé le lin, mais des